Une importante association universitaire canadienne représentant plus de 70 000 professeurs et employés universitaires dans tout le pays a rejeté la définition controversée de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) dans le but de protéger la liberté universitaire.
La motion adoptée par l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) déclare qu’elle "soutient la liberté académique de ses membres et reconnaît la nécessité de sauvegarder le droit des universitaires de critiquer tous les États, y compris l’État d’Israël, sans craindre les influences politiques extérieures, les réductions de financement, la censure, le harcèlement, les menaces et l’intimidation".
Les défenseurs des droits de l’homme à travers le Canada ont applaudi la décision de l’association. Cette décision intervient alors que des groupes hostiles aux Palestiniens demandent aux gouvernements et aux institutions universitaires du monde occidental d’adopter la définition de l’IHRA.
À la tête de cette campagne au Canada se trouve B’nai B’rith, un groupe de pression anti-palestinien qui pousse depuis longtemps à l’amalgame officiel entre une critique valide d’Israël et le fanatisme anti-juif. L’année dernière, il a demandé l’expulsion du professeur Faisal Bhabha de la faculté de droit Osgoode Hall à Toronto. En outre, le B’nai B’rith Canada aurait insisté pour que le gouvernement ne finance que les organisations d’aide humanitaire internationale qui adhèrent à cette définition erronée.
Les critiques affirment que la définition de l’IHRA est un instrument émoussé et qu’elle n’est pas adaptée à la lutte contre l’antisémitisme. Avec sept des onze exemples associant l’antisémitisme à la critique d’Israël, elle est davantage considérée comme un outil politique visant à réprimer la liberté d’expression sur Israël que comme une définition crédible pour traiter du racisme envers les Juifs.
"Les groupes pro-israéliens ont à plusieurs reprises pointé du doigt la définition de l’IHRA comme un outil pouvant être utilisé par les universités pour mettre un terme à diverses formes d’activisme étudiant, et plus particulièrement aux boycotts d’Israël et à la semaine contre l’apartheid israélien", a expliqué Michael Bueckert, vice-président des Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient, à The Electronic Intifada. "Ils ont également suggéré que la LIDH soit appliquée aux bourses d’études, et ont essayé de faire licencier des professeurs pour leurs critiques des politiques israéliennes ou du sionisme."
La motion de l’ACPPU n’est que la dernière d’une série de défaites pour les pressions du lobby pro-israélien visant à utiliser la définition de l’IHRA pour censurer les bourses d’études sur les droits des Palestiniens au Canada. L’année dernière, l’Ontario Confederation of University Faculty Associations, qui représente 17 000 professeurs et bibliothécaires universitaires dans plus de 30 associations de professeurs à travers le pays, a publiquement rejeté la décision unilatérale de la province d’adopter la définition, la qualifiant d’abus de pouvoir.
Applaudissant la motion, Independent Jewish Voices Canada (IJV) et l’Alliance académique contre l’antisémitisme, le racisme, le colonialisme et la censure au Canada (ARC), ont déclaré qu’il s’agissait "d’une action cruciale pour protéger la liberté académique et l’érudition critique au Canada".
Traduction : AFPS